La RVCP et les petits élevages de poulet en Ontario

La présente étude de cas porte sur l’établissement et le maintien d’une relation vétérinaire-client-patient légitime (RVCP) entre un médecin vétérinaire et un éleveur de volaille. Des points saillants sont fournis tout au long du document pour souligner les mesures clés et les échanges importants en vue de l’établissement et du maintien d’une RVCP légitime en Ontario.

Exposé du cas

Lorne Michaels et sa famille ont récemment démarré un petit élevage de poulets à griller en vertu d’un programme de créneaux commerciaux locaux administré par l’organisme Chicken Farmers of Ontario. Ce programme permet aux producteurs d’élever de 6 000 à 60 000 oiseaux de chair par année pour un marché local bien défini. Lorne a signé des contrats avec une petite chaîne régionale de restaurants qui met l’accent sur l’approvisionnement local. Lorne a grandi sur une ferme de poulets à griller et il s’y connaît donc assez bien en alimentation et en élevage de poulets à griller. La famille a fait un investissement considérable pour construire une étable qui permettra la finition d’environ 30 000 poulets à griller par année. Lorne a commencé la production en septembre 2017, et malgré quelques revers au début, ile se débrouille assez bien. Il a dû notamment composer avec une flambée d’entérite nécrotique (maladie causée par la bactérie Clostridium perfringens) qui a frappé sa deuxième cohorte à environ quatre semaines. Il a perdu 15 % de ses oiseaux avant d’enrayer la maladie. Lorne avait déjà vu cette maladie à l’œuvre et il est parvenu à la maîtriser en traitant l’eau d’abreuvement avec de la pénicilline achetée chez le marchand d’aliments pour volailles.

Passons directement au 15 décembre 2018 : Lorne croit être aux prises avec un autre épisode d’entérite nécrotique dans un nouveau troupeau de poulets à griller. Quelques oiseaux seulement sont morts jusqu’à présent, mais il aimerait traiter les oiseaux afin de prévenir une plus grande morbidité et freiner la mortalité. Il se rend compte qu’en raison des nouvelles règles sur les antibiotiques, il ne pourra plus acheter de la pénicilline chez son marchand d’aliments pour volailles. Il téléphone donc au dr Reginald McVail, le médecin vétérinaire mixte local, pour avoir une ordonnance. Le dr McVail n’est pas spécialisé dans la volaille, mais c’est un domaine qui l’intéresse et il a déjà travaillé avec des petits élevages de poulets à griller par le passé.

Avant de formuler la moindre recommandation, le dr McVail prend le temps d’informer Lorne de la nécessité d’établir une RVCP légitime avant qu’il puisse faire des recommandations ou prescrire un traitement pour ses oiseaux. Au téléphone, le dr McVail dit à Lorne qu’il doit visiter la ferme, mener son enquête (qui pourrait inclure des examens physiques, des autopsies et peut-être des analyses en laboratoire) et discuter des services qu’il peut fournir et ceux que Lorne aimerait obtenir pour ses oiseaux. Lorne indique qu’il comprend et accepte que le dr McVail vienne à la ferme.

Le dr McVail rend visite à Lorne plus tard le même jour. À son arrivée, Lorne l’accueille à l’entrée de l’étable et se présente comme étant la propriétaire de la ferme et des oiseaux; il conduit le dr McVail pour voir les oiseaux, en prenant soin que les précautions voulues de biosécurité soient prises. Le dr McVail et Lorne ont une longue conversation au sujet de l’alimentation, des pratiques d’élevage et des maladies qu’il y a eu sur la ferme.

  • On estime que le dr McVail a maintenant acquis une connaissance suffisante du troupeau après s’être renseigné sur les antécédents et avoir posé des questions.

Le dr McVail informe Lorne qu’il accepte de se charger de surveiller la santé du troupeau, y compris les visites de santé des oiseaux, les consultations par téléphone, les autopsies, les visites de suivi et les services d’urgence, en plus de l’aider à élaborer des procédures normalisées et des protocoles de biosécurité additionnels pour la ferme.

  • Le dr McVail a maintenant défini l’étendue des services qu’il compte offrir à Lorne ainsi que sa disponibilité en cas d’urgence ou de réaction indésirable.

Le dr McVail et Lorne conviennent de travailler ensemble, et ont maintenant établi une RVCP légitime.

  • Lorne (le client) a maintenant convenu de retenir les services du dr McVail.

Le dr McVail va donc examiner plusieurs oiseaux malades et procède à quatre autopsies sur des oiseaux trouvés morts ce matin-là. Il prélève des échantillons qui seront acheminés au laboratoire d’analyse.

  • Le dr McVail a maintenant accumulé une connaissance récente et suffisante du troupeau grâce à une inspection approfondie des oiseaux et des lieux, aux autopsies et à l’envoi en laboratoire de prélèvements de tissus.

D’après les résultats des autopsies, il pose un diagnostic préliminaire d’entérite nécrotique et prescrit et délivre de la bacitracine à administrer dans l’eau d’abreuvement, traitement qu’il estime indiqué au plan thérapeutique. Avant d’aller de l’avant, il discute de ses attentes des analyses de laboratoire, d’autres diagnostics différentiels possibles, des avantages et des risques du traitement, des coûts associés au diagnostic et au traitement dans ce cas précis, et des risques associés à ne pas traiter les oiseaux. Il s’adresse à Lorne verbalement pour s’assurer qu’il comprend tout ce qu’il dit.

  • Le dr McVail veille à ce que les critères de consentement éclairé soient satisfaits avant de traiter le troupeau de Lorne.

Lorne accepte de suivre les recommandations du dr McVail et ajoute qu’il le tiendra au courant au cours des prochains jours à savoir si le traitement semble efficace ou non, et s’il y a des réactions indésirables imprévues chez les oiseaux. Tout au long de la rencontre, le dr McVail prend des notes qu’il conservera à la clinique et qui seront versées au dossier médical.

  • Le dr McVail s’est maintenant assuré que les critères additionnels de prescription, de délivrance ou d’administration d’un médicament soient satisfaits.